2 août, Toulouse : un interne en médecine agressé à la gorge avec un tesson de bouteille
2 août, Senlis : une femme agresse son concubin en tentant de le poignarder avec un tournevis
3 août, Agde : Une femme tue son ex-compagnon d'un coup de couteau devant la fille et la nièce de sa victime
4 août, Amiens : un homme retrouvé mort poignardé et éviscéré
5 août,Vileneuve-de-Marc : un individu blesse de 2 coups de couteau le Maire, puis tente de l'écraser avec sa voiture
5 août Beauvais : Un jeune homme reçoit une rafale de fusil mitrailleur dans les jambes dans un immeuble
6 août Limoges: Une femme de 45 ans retrouvée tuée par balle à son domicile
(à suivre...)
La haine monte. Une haine tous azimuts : familiale contre son conjoint (homme ou femme), contre les élus, contre les employeurs, entre trafiquants, entre habitants d'un quartier contre un autre...Bientôt, nous nous retrouverons dans la même situation catastrophique de haine généralisée que les USA, et il est probable que nous aussi, nous finirons par élire un "Donald Trump" français, si nous ne comprenons pas rapidement ce qui se passe.
Les réseaux sociaux, ou la "satanisation" des individus ne sont pas à l'origine de cette haine généralisée. Elle a des causes économiques réelles, qui ne sont pas de simples spéculations. La fin du travail humain et la frustration qu'engendre le manque de revenus en sont les vecteurs principaux :
47,3 milliards d'heures travaillées en France en 2022, n'équivalent qu'à 26 millions de contrats de 35h (= 26 millions d'EQTP(1)(2)). C'est peu, pour une nation de 67 millions de français ! De plus, 4 millions de salariés sont à temps partiel, et 43% de ces 4 millions, soit environ 2 millions, font moins de 23h par semaine ! Ajoutez à cela 3 millions de chômeurs de catégorie A (sans aucun travail), et 3 à 5 millions de gens inscrits nulle-part qui doivent bien faire quelque chose pour vivre, et vous avez le panorama d'une situation qui explique tous les déficits, et presque tous les problèmes sociaux que nous rencontrons.
Le commentaire du beauf : "mais non du boulot il y en a, on cherche partout des mécaniciens, des serveurs, des cuisiniers...les chômeurs ils veulent pas bosser c'est tout...".
Ce genre de commentaire ressemble à celui des climato-sceptiques, qui ne croient pas au réchauffement climatique quand il fait froid en hiver. Car la preuve de la disparition du travail humain, nous l'avons grâce à l'INSEE : ce sont les salaires qui baissent depuis 5 ans par le simple mécanisme de l'offre et de la demande, comme le montre nettement la statistique ci-dessous.
Le salaire médian de 2091€ en EQTP ne peut pas suffire quand on travaille à temps partiel. A mi-temps cela ne représente dans ce cas que 1045 € par mois ! Cette situation devient grave dans les ménages, quand au moins un vrai salaire de 35h ne tombe pas chaque mois dans l'économie du ménage. Les tensions qui en découlent peuvent alors gravement dégénérer.
Certes, environ 0,3 millions d'emplois restent non pourvus : ils sont tantôt en décalage avec le niveau d'éducation moyen (un ingénieur en mécanique ne travaillera pas longtemps chez McDo), tantôt inaccessibles car trop complexes ou réclamant une formation spécifique très longue (emplois de programmeurs, concurrencés depuis peu par l'Intelligence Artificielle). Ces emplois non pourvus ne doivent pas nous empêcher de regarder l'image globale du travail dans notre pays !
Alors quand une part croissante de la population a de plus en plus de mal à trouver des revenus (au moins 4 millions), et quand, en même temps, les injonctions à consommer sont massives (17 milliards d'€ de publicité en 2023 ciblant des gens qui ont de moins en moins de moyens !!), alors le resentiment et bientôt la haine monte : contre son conjoint ("tu fous rien ! t'es un con barre toi !"), contre les magrhébins ("qu'ils retournent dans leur pays de merde!"), contre les élus ("notre fric ils s'en foutent plein les poches !"), contre les délinquants ("t'as volé dans un magasin je te coupe une main.."), contre les jeunes ("ils veulent rien foutre c'est ça le problème !"), contre les écologistes ("c'est à cause d'eux qu'on arrive plus à vivre !"), contre les LGBT ("si t'as des seins t'es une femme, si t'as des c.. t'es un homme, point barre !"), contre l'ultra-gauche ("t'as détruit 100 euros de matos, je te mets 100 coups de fouets"), contre les universitaires ("des intellos à la con")...et caetera.
Pénurie de travail humain et pénurie de revenus vont de pair. Un cercle vicieux s'engage alors, menant tout droit à l'effondrement : une économie parallèle faite de trafic, de prostitution, de vols et d'escroqueries en tous genres remplace le travail humain qui a disparu. C'est un véritable cancer pour la société, mais que voulez-vous, ceux qui vivent cette pénurie de revenus au quotidien (et à qui on essaie de vendre des SUVs à tout prix) ne se laissent pas crever la bouche ouverte(3), pour avoir le simple plaisir de respecter la loi ! La décomposition sociale perdure alors, et des pans entiers de la population en viennent à collaborer avec cette économie du crime, transformant certains quartiers en de véritables enclaves.
Contrat social rompu : "Moi je fais pas la loi, moi je suis dans la diplomatie" Bac Nord, Cedric Jimenez (2020)
Face à cette décomposition sociale, des personnalités fascistes disant vouloir "remettre de l'ordre" gagnent en popularité, mais leur analyse, qui ne prend pas en compte la fin du travail humain, est mauvaise. Pour finir, la haine de tous contre tous finit par arriver, et les meurtres se multiplient.
L'Etat de son côté, désespère de ne pas réussir à créer ou à maintenir les emplois sur le territoire en nombre suffisant, malgré les sommes énormes d'argent public investies. 157 milliards d'€ d'aide aux entreprises en 2019 ! Depuis 4O ans des montants d'argent public approchant 5% du PIB viennent ainsi se déverser dans le "tonneau des danaïdes" de la fin du travail humain. Mais ce n'est pas tout, l'Etat peine aussi à fournir les places de prison nécessaires (81600 personnes détenues début 2025), et il dépense aussi des sommes énormes pour maintenir l'ordre (3,5 milliards d'€ pour la seule crise des Gilets Jaunes).
La haine dont nous avons eu un échantillon cette semaine ne mènera nulle part. Qu'elle soit indiviuelle ou collective, c'est une voie sans issue qui nous conduit à la guerre de tous contre tous, aussi sûr que 2 + 2 font 4.
Changeons plutôt de système, en interdisant par exemple les moyens de communication de masse aux publicités, et en relançant l'emploi des plus pauvres par des tickets d'Etat de logement, de nourriture et de santé produits localement. Ce n'est pas le retour du communisme, c'est juste que l'article 23 de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen n'est plus d'actualité, à l'heure où les revenus du travail humain disparaissent dans de telles proportions. ("Art 23 : Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage")
Nous devons aussi de toute urgence dénoncer les fausses analyses de l'extrême droite, et malheureusement aussi nous préparer à ce que la situation empire. Elon Musk a les opinions politiques qui lui appartiennent, mais il est aussi très informé sur les prolongements en matière d'emploi humain de l'Intelligence Artificielle. Et il a récemment déclaré que l'IA fera disparaître totalement l'emploi humain. Si nous ne changeons pas d'analyse, la haine a donc de beaux jours devant elle.
Vincent de Blois, le 10 août 2025
(1) c'est à dire en convertissant toutes les heures de travail de l'année en contrats pleins de 35h
(2) 26 millions d'emplois en France en 2022 en "équivalent temps plein" : le détail par ChatGPT
35 heures par semaine. Sur une année, cela donne : 35h × 52 semaines = 1820 h par an
47,3 milliards d’heures travaillées en 2022
47,3mds/an divisé par 1820/an = 25,98 millions de contrats annuels de 35h Résultat : environ 26 millions de contrats de 35 heures en "équivalent temps plein", sur la base des heures travaillées en 2022 en France.
(3) certains le font : 855 morts dans la rue en 2024