LES RETRAITES - Devra-t-on travailler jusqu'à 75 ans pour créer de l'emploi ? - le 10 mars 2023
Comme on peut le voir sur ce graphique, les cotisations sociales ne sont pas la seule source de financemement des pensions. Travailler plus longtemps augmente certes le volume des cotisations sociales, mais ce n'est pas LE SEUL MOYEN de contrer un futur déficit du régime des retraites, on peut aussi augmenter ses autres sources de financement.
Une deuxième observation que l'on peut faire en regardant ce graphique, est de comparer le montant des cotisations sociales (78 milliards) avec celui de l'aide aux entreprises. 156 milliards d'aide publique aux entreprises en un an (1), c'est DEUX FOIS le montant des cotisations sociales de 2016 ! (78 x 2 = 156 !)
Chacun comprend que l'Etat ne peut que s'endetter en redonnant aux entreprises le double de ce qu'elles paient pour la protection sociale. Et Alain Minc de se lamenter sur la dette de l'Etat qui en résulte, et de soutenir la réforme des retraites pour "rassurer les marchés financiers".
Il est bien temps de se lamenter sur l'inquiétude de ces marchés, quand depuis 30 ans, on soutient ce mythe de la croissance "dopée" par de l'argent public ! En pleine contestation de sa réforme, la majorité affirme aujourd'hui que la suppression de ces aides occasionnerait des faillites, et par conséquent du chômage. Mais pourquoi alors, pendant les 30 dernières années de croissance certes faible, mais de croissance tout de même, cette dette s'est-elle accrue de 100 milliards par an pour dépasser en 2023 les 3000 milliards ? Nos responsables politiques endetteraient l'Etat pour le plaisir ?
L'explication du Président Macron est de dire que "nous ne travaillons pas assez". Celle d'Alain Minc est que "nous vivons à crédit", oubliant de mentionner que si l'Etat s'est endetté de la sorte, c'était avant tout pour FAVORISER LA CREATION D'EMPLOIS. Une stratégie qui ne porte pas suffisament ses fruits, comme le montre ce graphique sur l'évolution du chômage de 2018 à fin 2022, rapporté à la totalité de la population.
1/ les grandes entreprises françaises ont-elles vraiment besoin de ces aides - qui dépassent maintenant en volume tous les autres budgets - pour rester concurrencielles ? (Les résultats récents du CAC40 montrent qu'elles font tout de même en général de sérieux bénéfices).
2 / n'est ce pas plutôt la raréfaction des emplois et sa précarisation qui diminue le volume des cotisations sociales, plutôt qu'un manque de temps passé au travail par ceux qui travaillent ?
Il est urgent de répondre à ces deux questions, car si le prix à payer chaque année pour qu'elles soient concurentielles est sur le point d'atteindre le PIB de 1973 (156 mds d'aides, et 180 mds de PIB en montant non corrigé de l'inflation en 1973), alors il devient nécessaire de repenser complètement le contrat social, car on ne va pas renoncer aux hôpitaux et aux écoles, aux retraites, ni travailler jusqu'à 75 ans dans le seul but (inavoué) de créer de l'emploi !